Tuesday, November 27, 2012

Photos en vrac

Guima sur la Hudson
Clarita a Teatown Lake
 
Gabi le roi de la petite reine


Gabi dans notre arbre
  
Clarita



Guima dans notre autre arbre


Thursday, November 15, 2012

40eme dimanche du temps ordinaire....

...ou plus, j'ai perdu le compte. Time flies when you're having fun.

Mikayla, Guima (y-son-t-amoureux!!!), Jack, anniversaire de Guima. 
Bulles et Gabi, anniversaire de Gabi
La penseuse, poseuse, enjoleuse. Clarita 
Amour heureux
Pour votre bon plaisir messieurs dames voici quelques scenes du quotidien Crotonesque... Octobre, les anniversaires. 2, 5, 7.

Enjoy,

Francois

Tuesday, November 06, 2012

Business as usual

Route d'acces a Philips - photo moi meme
Bateau sur la ligne de train le long de la Hudson - photo MTA railroad
Bateau dans parc - Photo Guillermo Rodriguez
File d'attente pour l'essence qu'il n'y en a plus a Ossining - photo Lohud.com
Un peu plus d'une semaine apres l'atterrissage de la tempete extratropicale Sandy sur les cotes de New York et du New Jersey, ici en le comte de Westchester, c'est presque le retour a la normale, business as usual. Meme si encore nombre de familles restent sans electricite (ce qui fait pester mes copains indiens qui soutiennent que meme en Inde, qui n'est vraiment pas une reference, on est plus organises que ca) et les stations services de Croton et Ossining affichent encore leurs pathetiques panneaux en carton "no gas", il semble que le bullet train-train quotidien ait repris le dessus. Il ne reste plus que, de ci de la, des tas de buches nettement coupees a la tronconneuse pour rappeler le triste destin des arbres geants deracines ou casses en deux par Sandy.

Et pourtant il y a une semaine au lendemain de la visite de Sandy, notre petite banlieue tranquille aux pelouses bien tondues offrait un bien triste spectacle. Des arbres tombes partout, sur des voitures, des jardins, des garages, des clotures, et des fils electriques emmeles partout sur les chaussees. Le vent qui continue a souffler en bourrasques et la pluie fine qui fouette le visage a l'horizontale, les tonnes de feuilles mortes collees par terre, et en arriere-plan la sonnerie non-stop des pompiers et des ambulances donnent une certaine impression de desolation.

La tempete a frappe dans la nuit de lundi a mardi. Le mercredi, je suis retourner travailler. Le building etait presque vide, la majorite des collegues etant toujours bloquee chez eux derriere les arbres. La plupart des presents n'ont pas d'electricite chez eux et viennent surtout pour prendre une bonne douche, etre un peu au chaud et recharger leurs telephones portables. Beaucoup aussi sont sans essence pour venir. La plupart des stations service etant encore privees d'electricite, et celles qui l'avaient n'etant plus approvisionnees par des camions citerne qui ne pouvaient rouler sur des routes encombrees d'arbres pour amener l'essence qui n'etait plus disponible depuis les raffineries endommagees du New Jersey, les files d'attentes s'allongent et les patiences se raccourcissent en attendant de faire le plein. Plus d'une semaine apres la tempete, il n'y a toujours pas d'essence a Croton et dans les communes avoisinantes. Au bureau, devant mon ordinateur dont l'electricite provient d'un generateur a essence geant et son reservoir de fioul gros comme une locomotive a vapeur 1924, je pondere la futilite de faire gagner aujourd'hui trois hertz a mon application en temps reel et l'ampleur du travail a fournir dehors pour deblayer les routes, retablir le reseau electrique et nettoyer les inondations dans les quartiers de bord de mer, et bords de la Hudson, submerges par les eaux de l'ocean poussees vers les cotes par les vents formidables de Sandy aides par une maree de pleine lune.

Ce fut un sacre coup de vent, mais nous les Vivis on a eu de la chance. Intimides par notre chene bicentenaire et l'immense sapin du voisin, on a tous dormi dans la cave entre lundi et mardi ce qui fut une aventure formidable, surtout pour les enfants surexcites. Du coup, on n'a presque rien senti de Sandy et ses bourrasques a 150km/h. Bien sur nous avons perdu l'electricite comme tout le monde, mais cela n'a dure qu'une seule journee pendant laquelle d'ailleurs nous en avons profite pour nous deconnecter d'internet et du lecteur de DVDs et nous connecter entre nous, faire des jeux de societe, jouer du piano et de la guitare, et fabriquer les tonnes de legos que les enfants avaient recus a leurs anniversaires respectifs celebres le week-end precedent. La lumiere est revenue mardi soir, et j'ai trouve ca presque dommage. J'etais comme les enfants, excite par l'aventure de quelques jours sans electricite, et aussi content d'avoir un pretexte pour ralentir un peu notre rhythme de vie effrene. En ce qui me concerne, j'ai un peu de mal a l'avouer au vu de la destruction alentour et par pudeur pour mes amis qui aujourd'hui encore, alors qu'il neige (!), se chauffent toujours au feu de bois... mais n'ayant pas ete touche personnellement j'ai plutot apprecie la semaine passee qui nous a permis de nous reconnecter avec la famille, avec les voisins, avec les gens; qui a tisse des liens d'entraide et de solidarite, et nous a permis de ralentir et de prendre de petites vacances, les ecoles etant fermees et les employes de Philips n'y mettant que la moitie de leur coeur.

Finalement la situation est revenue presque trop vite a la normale. Mardi fut passe dans le noir a la maison. Mercredi fut plutot calme. Jeudi il y avait deja un peu plus de trafic sur les routes. Vendredi les routes principales d'acces etaient deblayees. Samedi la ligne de train pour New York recommencait a fonctionner. Dimanche la connexion internet etait retablie. Lundi les ecoles ouvraient de nouveau, avec des horaires elargis jusqu'a 9h du soir pour donner un coin chaud aux familles toujours privees d'electricite. Mardi les quatre sapins tombes sur le parking de Philips etaient transformes en bois de chauffage. Dans les prochains jours si tout va bien et si la tempete de neige qui rage dehors nous epargne, tous nos voisins auront l'electricite et les stations services rouvriront. Back to normal, business as usual. Mais il y a une partie de moi qui regrette et qui se dit qu'on ne devrait pas revenir a la normale, pas si tot, et puis jamais, d'ailleurs.

Parce que cette petite semaine que des millions de personnes ont vecu privees de la plupart des commodites essentielles, elle s'est plutot bien passee. Mis a part les grands sinistres qui ont tout perdu et les indiens indignes, tout le monde est plutot d'accord pour decrire cette experience comme positive. Pour les connections humaines renforcees, entre voisins qui s'unissent pour couper un arbre en traves de la route ou qui partagent les rares prises de courant fonctionnelles, ou au sein d'une famille qui veille au coin du feu. Pour le rhythme ralenti, pas de train a prendre pour New York, pas de bus a attraper pour l'ecole, on a toute la journee pour terminer le petit dejeuner; et le soir tombe, pas de Facebook ni Youtube, pas d'autre choix que celui de se coucher tot ce qui est bon pour la sante, et on va voir combien d'enfants naissent a Croton dans neuf mois. Et aussi pour la prise de conscience. Quand on n'a qu'un nombre limite de Watts a sa disposition grace au generateur, qu'est-ce qu'on va brancher, de quoi a-t-on vraiment besoin? Dans la plupart des cas, une lampe, le systeme electrique du chauffage au fioul, et quelques boosts pour le frigo suffiront. Quand il faut faire bouillir l'eau pour faire la vaisselle ou prendre sa douche, on ne fait pas la vaisselle, on ne prend pas sa douche de la meme facon. Et quand on n'a qu'un demi reservoir d'essence dans la voiture et aucune idee de quand on va pouvoir la remplir, on ne va pas faire des courses au mall qui est a trente kilometres. Et se sent-on plus mal pour cela? Non, on se sent sans doute mieux. Moins d'activite, moins de fatigue, moins de stress inutile. C'est la regle du 80-20: avec 20% des ressources on est capable de faire 80% de nos activites. Ce qui veut dire qu'en temps normal, on gaspille 80% des ressources energetiques a faire les 20% d'activites superflues qui nous stressent. La semaine passee a ete une experience grandeur nature des "lifestyle changes" que defendent les environnementalistes et les adeptes de la vie simple et auxquels ne veut rien entendre le plus gros de la population sous pretexte qu'"it's a free country". Et ca ne s'est pas mal passe.

Vous me direz qu'il a bon dos le precheur de bonne morale environnementale, lui qui de toute facon n'a eu que 24h de coupure d'electricite. Oui mais, quand meme. La tempete passee, tout ce que les gens trouvent a dire devant la fragilite evidente de notre systeme futilement energivore, c'est que l'annee prochaine ils acheteront un generateur plus gros et feront de plus grosses provisions d'essence. Ils ont raison, bien sur, et vu la tendance recente, mieux vaut apprendre a se preparer de mieux en mieux pour ce genre d'evenements. Mais en meme temps peu realisent que l'essence est aussi une partie du probleme, pas seulement  une partie de la solution. Alors, etant donnes tant de degats et oui, de souffrance humaine, c'est dommage de manquer une occasion d'apprendre. Dans le passe je "regrettais" que l'Amerique du Nord ne souffre d'aucune consequence nefaste du rechauffement climatique global, ce qui n'aide pas a la prise de conscience dans ce pays. Au Perou ils ont les glaciers qui fondent, en Afrique ils ont la secheresse, en Inde ils ont les deux. En Amerique du Nord ils ont moins de neige l'hiver, une agriculture plus productive, et du Bordeaux a Vancouver. Mais maintenant, il y a ca, peut-etre: ces dernieres annees, la secheresse dans le midwest, et une incidence plus elevee d'ouragans et autres tempetes majeures. Ca affectera plus les Caraibes que New York, mais ca pourrait avoir un peu d'impact sur la conscience climatique. Si on arretait de faire l'autruche.

Bisous,

Francois,
chercheur d'une ethique rationnelle au ralentissage de l'effrenitude.