Saturday, July 12, 2008

L'habit de la profession

Hello les copains, eh oui je sais que je prends tout le monde par surprise avec ce post... primo parce que ca fait a peu pres deux mois que je suis e-muet, deuxio parce que nous sommes actuellement en France et donc nos faits et gestes sont depourvus de ce petit zeste d'exotisme qui maintient encore un petit fan club a flots; tertio parce que nous sommes en France et que cette mere patrie au mois de Juillet inspire Guima plus qu'il n'est de mesure, il se prend pour un feu d'artifice et attend 23 heures pour nous eclater de toutes ses jolies couleurs; quaternio parce que nous sommes en France et le petit Pouilly sec de l'heure du fromage a une facheuse tendance inhibitrice d'inspiration apres les douze coups de minuit.
Bref je vais vous raconter ici quelques impressions de mon petit voyage professionnel a Mannheim, Allemagne, qui m'a mange quelques jours de vacances d'une maniere qui m'a suffisamment enervee pour que je m'en plaigne dument a mes copains et dont duquel donc vous etiez deja au courant. Allons-y.
Ce voyage s'est deroule en deux parties. La premiere moitie, il s'agissait d'assister au premier congres international de SonoThrombolyse.... une soixantaine de personnes - dont moi-meme pour vous servir - dont le pain quotidien est de dissoudre d'innoportuns coagulats sanguins a grands coups d'ultrasons, etaient reunis pour l'occasion.... vous vous doutez bien que la noblesse de notre grande cause commune impliquait costards et cravates de la meilleure facture, surtout que la moitie des convives etaient medecins neurologues de haute lignee... tout cela contrastait fort avec le public du congres parisien auquel j'avais assiste la semaine precedente - il s'agissait en effet simplement de la societe americaine d'acoustique qui se reunissait pour fumer ses cigares sous la tour Eiffel... societe americaine d'acoustique dont le pain quotidien est surtout d'optimiser le bruit des pots d'echappement pour avoir l'impression que la voiture marche bien, ou d'etudier le bruit des deferlantes sur la cote californienne a San Diego et le cri d'amour du dauphin a bosse male, ou de retourner temporellement les tsunamis avec un continent de resolution spatiale... bref une societe sympathique en T-shirts sales dans laquelle votre serviteur le basketteur-chercheur se sent comme un hydrophone dans un aquarium.... a mille milles de Mannheim et ses neurologues encravates et grisonnants !
Malheureusement la technologie allemande et l'ICE relient ces deux petits mondes en moins de trois heures, et c'est moins qu'il n'en faut pour votre serviteur pour se doter de la chemise bleue et des chaussures noires qui seraient un minimum vital en compagnie de tous ces medecins allemands ! J'ai donc passe une facheuse premiere journee de congres, avec l'impression desagreable que ces eminences n'avaient qu'a jeter un coup de narine hautain sur mes Ascics a 18 minutes et demi les 5 kilometres - c'est vous dire la sueur - pour s'assurer qu'ils n'avaient pas besoin d'approfondir leurs reponses a mes benoites questions.....
Gene par ce racisme vestimentaire, et inquiet du diner de gala prevu le soir meme dans le meilleur restaurant de la ville puis de la presentation que j'allais devoir donner sans cravate le lendemain (il etait trop risque d'apprendre a faire un noeud si complique avec si peu d'anticipation), je m'empressai le premier soir d'aller empletter un col blanc et une paire de chaussures en centre ville. Dans ma tete, mes principes me disaient pourtant que c'etait absurde et que je devrais etre juge sur la qualite de mon travail et ma capacite a poser les bonnes questions et donner les bonnes reponses, plutot que sur les rayures de mon polo... mais j'ai fini par me convaincre que si je ne le faisais pas pour moi, je devais le faire pour Philips. J'achetai donc une chemise bleue qui allait plaire a Nurt, tout n'est pas perdu; quand aux chaussures le taux de conversion Euro-Dollar et le fait que j'en avais deja une bonne paire quelque part dans un carton Crotonnien finirent tout de meme par me retenir. Le lendemain, je n'aurais qu'a arriver le premier et m'asseoir au premier rang, comme ca personne ne remarquerait rien quand j'aurais a franchir les deux metres qui me separeraient de la scene. Une fois sur l'estrade, je pourrais cacher mes pieds derriere le pupitre.
Le lendemain, je mis donc mon plan a execution. Ce fut plus facile que prevu, une grosse poutre verticale a cote du pupitre de l'orateur me permettant de me dissimuler au public jusqu'a la derniere seconde. Une fois sur scene, ces messieurs-dames ne voyaient plus que le haut de mon corps, habille a l'allemande dans une chemise bleu Philips ! Il va sans dire qu'apres ma presentation tout le monde me felicita d'un travail si fondamental et qu'a la pause cafe tout le monde se precipitait pour m'offrir du sucre...
Eh oui, vous me direz, voila bien notre petit Franzouille toujours aussi candide, qui essaye de faire semblant de ne rien comprendre aux dress-codes... OK, n'empeche que l'experience de la semaine derniere fut assez impressionnante sur deux points: 1) je n'ai jamais vu autant de chercheurs aussi bien habilles, les medecins en congres on nettement plus de classe que les ingenieurs ou les chercheurs universitaires; 2) l'effet de la chemise fut absolument spectaculaire sur la facilite de nouer contact avec les collegues et le nombre de cartes de visite echangees. Ai-je modifie ma propre perception de moi-meme, me donnant plus de confiance en moi, ou ai-je modifie la perception que les autres avaient de moi ? sans doute un peu des deux, en tous les cas ca a bien marche.
Bref, tout ca pour ca... mais ce qui est marrant, c'est que pour la deuxieme moitie de ce petit sejour en Allemagne, il s'agissait de scanner quelques volontaires et patients de l'hopital universitaire local avec le grand neurologue local - organisateur du congres de la premiere semaine, pour tester quelques nouveaux modes d'imagerie de l'echographe. Et le lundi matin, evidemment tout le monde etait en tenue de ville decontractee dans la bonne humeur...
La seule fois ou nous fumes amenes a modifier temporairement notre tenue de tous les jours au cours de cette experience, ce fut quand nous scannames cette gentille vielle dame... Il s'agissait de tester notre nouveau mode sur une patiente qui se remettait doucement d'un accident vasculaire cerebral. Arriva cette petite dame d'environ 90 ans, souriante dans son fauteuil roulant, et qui visiblement ne comprenait rien a ce qu'on lui disait, la pauvre; et vraisemblablement pas grand'chose a ce qui se passait autour d'elle... nous devions etre 6 ou 7 dans la petite piece de l'echographe, tous des ingenieurs sauf une etudiante en medecine, celle qui allait proceder a l'examen proprement dit. La jeune medecin, nous voyant tous en tenue de ville, fit le tour du service en courant pour chercher des blouses blanches pour tout le monde: pour la forme, et pour que la patiente se sente plus a l'aise. Seul Bill, un collegue, ne recut pas de blouse: il jugea donc preferable de rester cache derriere la porte des toilettes pendant toute la duree de l'examen !
Quelle conclusion donner a toutes ces aventures vestimentaires ? J'ai maintenant une chemise de trop et le devoir de retourner tous mes cartons a la maison pour retrouver mes chaussures en vue de la prochaine conference... je sais aussi que la cravate est a l'ingenieur dans un congres de medecine ce qu'est le stethoscope au medecin lors d'une seance de consultations: entre autres, un moyen efficace de gagner la confiance de l'auditoire. Bref, j'aurai appris cette semaine que si l'habit ne fait pas le moine, un moine sans habit a tout de meme l'air con !
A bientot,
Francois

2 comments:

Anonymous said...

Coucou !
En fait, je pense que ce n'est pas une question de profession, mais de pays. Au Congrès des Gynéco-Obstétriciens d'Alsace, il y avait un étudiant allemand qui a fait une présentation en costard-cravate bleu nuit impeccable (alors que tous les autres étaient en jean-T-shirt). Le soir au dîner de gala, il était en baskets et nous sur notre 31. "Les Français vous mettez vraiment le repas avant tout..."
A bientôt,
Isa.

Anonymous said...

c-----d !!!!!!!!!!!! v