Bref nous fumes envoyes, mon chef Bill le grand chinois et moi, a Omaha, capitale de l'etat qui fait le titre de ce blog. La donc nous allames, la petite equipe medicale nous rencontrames, deux cochons nous occimes, notre travail nous fimes depuis fort tot le matin jusqu'a fort tard le soir, et me voila de retour, heureux qui comme Ulysse, et bien decide a vous conter mon odyssee, aussi et surtout pour essayer de sauver mon audimat.
Mais voila, je me trouve dans l'embarras.... Bien qu'heureux d'avoir fait ce petit voyage, fait ces rencontres, respire cet autre air.... et vu de mes yeux ce midwest mythique qu'il est donne a peu d'admirer vu l'encore moins qu'il y a a y voir... je ne sais pas vraiment par ou commencer. En effet, plus je me replonge dans la semaine passee et plus je n'y retrouve pas grand'chose de notable. La ville d'Omaha, qui fut notre seule halte touristique, ressemble a Nothing Gulch de Lucky Luke: remplacez Main Street par une deux fois quatre voies, les saloons qui la bordent par une serie de centres commerciaux et leurs immenses parkings, les chiens qui s'y grattent par de vieilles voitures, et le bureau du Sheriff par l'hopital (la boutique la plus active du bled) et vous aurez une impression assez precise. Bref, un paysage oubliable et triste. Pas un seul petit troquet pour s'y requinquer les idees, petit restaurant de quartier pour se ressucrer le moral, ou bed and breakfast pour causer le coup avec l'habitant. Les bars, restaus, hotels ne sont que des succursales d'immense chaines au menu normalise a travers le pays. Le quartier touristique, "old market square" consiste en fait en une croix (deux rues, neuves et sans marche), pavee de ces restaus-chaines qui tuent du visiteur le dernier espoir de trouver un peu de charme dans cette ville de la derniere chance. Meme les petits zicos du coin du jour qui squattent l'unique coin de rue touristique ont desiste de chanter la boheme et l'amour et s'excitent sur l'air de "I love cocaine" sur une guitare qui ferait mieux d'etre electrique...
Quand a l'hopital ou nous travaillons... neuf et gris, c'est l'endroit le plus riche et le plus triste de la ville. Une salle de conferences sur deux s'appelle Eppley, du nom du personnage le plus important de l'histoire d'Omaha: un magnat de l'industrie hoteliere du debut du siecle dernier, qui a egalement donne son nom a l'aeroport et a la place de la mairie. Ca n'inspire pas autant que l'amphi Langevin ou l'institut Curie mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, hein...
Heureusement, mon snobisme est vite rebattu du caquet par le p'tit jeune futur etudiant en medecine qui, outre la faculte inesperee de comprendre comment marche un oscilloscope, parle quatre langues y compris le hollandais. Les deux post-doc chinois nous accompagnent tous les jours a dejeuner. Chirurgiens cardiaques dans leur pays, ils mangent chicken fingers et onion rings arroses de cafe noir a tous les repas, si l'habilete du cordonnier se mesure a la deliquescence de la chausse, cela vous donne une idee de la qualite de nos collaborateurs. Ils sont venus de leur Mongolie interieure natale pour gouter un peu d'Amerique; ici, ils ne sont pas autorises a pratiquer la medecine et se dedient a l'etude experimentale des ultrasons therapeutiques... Curie orientaux, ils sont la de sept heures du matin a minuit du soir pour accompagner nos grattages de tetes experimentaux dans la petite piece du fond sans fenetre ni tabouret que le National Institute of Health a daigne leur subventionner. Ils rentreront bientot dans leurs pays coiffes du halo qui fait les empereurs. Le chef de la bande est un cardiologue athletique aux yeux bleu sympathique, qui veille sur tout ce petit monde d'un amour paternel et publie dans le New England Journal of Medicine entre deux debouchages de coronaires MacDonald.
Et les indiens des grandes plaines, les epopees des pionniers, Yakari, Pocahontas, Lucky Luke, Danse avec les Loups? Pas vu. A Omaha il n'y a meme pas de quartier Chinois, au grand dam de mon grand Chinois de chef dont le premier geste en aterrissant a New York fut de me trainer a Flushing a minuit pour y gouter les specialites de Shanghai. Omaha, une ville inutile?
Pas si sur... de ce substrat apparemment sterile, grandissent aux moins quatre hommes hors du commun. Ils sont dans un labo qui ferait honte au parking de la fac de Jussieu mais continuent leur chemin sans se poser de questions. Sans temps et sans argent (bon, tout est relatif) mais avec du talent et du coeur, ils poursuivent une recherche de science fiction pour revolutionner le traitement du principal probleme de sante publique des USA. Non, le Midwest n'est pas une morne plaine d'obeses ignares en pickups, le hamburger dans une main et le fusil dans l'autre! C'est peut-etre a cause de cette revelation qu'apres une semaine de 80 heures dans 5 metres carres, je rentrai a la maison tout sourire aux levres?
Ou bien fut-ce la soupe "Shanghai-Style" du boui-boui de Flushing?
Hasta la vista,
F
3 comments:
ben si, quand meme, le midwest c'est surtout les mornes plaines, le blizard, corn fields, ...
Eric
crétin. V
Ben oui blizards et corn fields... sauf qu'en plein mois de novembre, on se baladait et Tshirt dans la rue... et les corn fields, je les ai pas vus (mon experience du Nebraska fut surtout vecue dans 5m2, n'oublions pas.
F
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