Thursday, March 19, 2009

Interlude



- Guima, il faut que j'y aille, je dois aller travailler.
- Non Papa tu vas pas travailler.
- Si Guima, j'ai besoin d'aller travailler, pour qu'on puisse manger tu comprends ? des chicken nuggets par exemple, il faut aller travailler pour manger des chicken nuggets.
- Je veux pas manger de chicken nuggets. Tu vas pas travailler.
- Je vais pas travailler ? Mais qu'est-ce qu'on va manger alors ???
- DES PATES !

A logique, logique et demi. Grace a Guima, on saura quoi faire maintenant si la sombre recession atteint notre doux foyer.

Bises a tous,

F & Cie

Saturday, March 14, 2009

Episode 2 - Le systeme de sante


Des serpents et des ailes...

"Mon bon monsieur, l'echographie est categorique, et vous souffrez de calculs dans la vesicule biliaire. Voila donc le numero de telephone du chirurgien qui va se charger de vous arracher tout ca bien vite, hop, et on n'en parle plus."
Aie aie aie... la chirurgie ca fait mal, et il y a toujours des effets secondaires.
"Docteur, n'existe-t-il donc aucune alternative ? Ca me fait mal de devoir me debarrasser de ma vesicule comme ca, j'y tiens; on a fait beaucoup de chemin ensemble apres tout"
"Non, il n'existe pas d'alternative. La vesicule, de toutes les facons, elle sert a rien. C'est un vestige de l'evolution, comme l'appendice"
Tu m'en diras tant.
"Et puis, si on l'enleve, c'est sur qu'il n'y aura jamais de recurrence de ce probleme des calculs"
C'est ca. C'est de la medecine preventive, en quelque sorte. Heureusement que je suis pas venu pour un mal de tete, t'imagines ?...
"Docteur, malgre tout, je crois que je vais aller chercher une seconde opinion."
"Une seconde opinion ? pas de probleme: je vous ai deja donne le numero du chirurgien, demandez-lui donc. Vous pouvez lui faire confiance."

Voila le genre de conversations surreelles que l'on peut avoir dans le cabinet de son generaliste, dans ce pays ou il semble que le systeme de sante soit concu pour maximiser les benefices financiers des medecins plutot que le bien-etre des patients. Lors de mes entretiens d'embauche, on m'avait pourtant bien prevenu (je rappelle que je travaille pour une compagnie qui produit du materiel medical): "ici, on est la pour faire de l'argent". Et moi, je suis venu de toutes facons, avec dans la tete l'idee benoite que la quantite d'argent qui rentre dans les caisses de l'industrie medicale est naturellement correlee a la sante du plus grand nombre. Etre la pour faire de l'argent, dans l'industrie medicale, c'est donc a-peu-pres equivalent a etre la pour le bien de l'humanite. En effet, si tu es chercheur et que tu trouves une therapie miracle, l'humanite entiere t'en saura gre, et du meme coup tu te feras plein de sous, non ?
La correlation existe. Les medecins sont riches, et ils le meritent car ils font des miracles. Quand a nous, nous avons toujours ete tres bien traites, et avec beaucoup de respect. Mais la correlation n'est pas parfaite. Et lorsque le but est la maximisation des gains financiers pour les medecins, il est tres tentant de multiplier les examens et les procedures. Sans compter la pression enorme que subissent les jeunes medecins, commencant leur carriere avec une dette enorme a rembourser - le cout des etudes - et la peur constante d'un proces si une pathologie leur echappe pour n'avoir pas fait tel examen, ou s'ils ne pratiquent pas telle procedure ou n'ordonnent pas tel medicament. Examen ? procedure ? medicament ? evidemment, cela profite aussi a l'industrie medicale, qui est derriere 80% des essais cliniques aux USA. Meme si, in fine, c'est une agence nationale qui decide de l'efficacite desdits examens, procedures, medicaments (la Food and Drug Administration, FDA), certains se demandent qui tient vraiment les renes de la pratique medicale dans ce pays. Quand au patient, il se sent merveilleusement bien pris en charge et se felicite de vivre dans un pays ou la technologie medicale est si avancee, sans se rendre compte que son medecin n'a jamais regarde son echographie ni que sa vesicule l'a quitte sans l'avoir merite.

Parfois, la course a la procedure prend des dimensions ridicules. Par exemple, Nurt, apres sa deuxieme grossesse, souffrait d'une petite hernie qu'il fallut refermer. Nurt se pointa donc pas fraiche un beau matin a 5 heures et a jeun a l'hopital local. Un quart d'heure avant de passer sur le billard, une infimiere lui pose quelques questions de routine, comment ca va, vous etes pas allergique a ceci cela, OK la tension c'est bien, la temperature aussi, et a propos, il se peut que votre chirurien M. Zannetti aie besoin d'un collegue pour l'operation ca vous derange pas ? Ben non, maintenant que je suis la, tout ce que je veux c'est qu'on me recouse. Deux semaines plus tard, Nurt, a part a bien recousue, recoit a la maison une facture de $10.000, a payer a M. Van Zon dont on n'avait jamais entendu parler auparavant et dont il ne nous sera jamais donne de connaitre le visage. "Eh oui," nous confirme la secretaire de M. Zannetti, "vous etiez d'accord pour un chirurgien assistant pendant la procedure". Bien entendu, l'assurance refuse de rembourser: "C'est un classique, les chirurgiens font ca tout le temps; ne payez pas". Vous inquietez pas, on n'avait pas vraiment l'intention de payer....

J'ai deja parle du systeme d'assurances, dont la caracteristique principale est qu'il est si complique qu'en tant que patient, on ne sait jamais vraiment ce qu'on a paye ou pas encore, ou ce qui est une triche deliberee. Maintenant, on se mefie des consultations imaginaires. Et on comprend pourquoi une simple visite chez le medecin generaliste coute $150 ($25 quand l'assurance rembourse): c'est pour payer les trois comptables derriere chaque medecin dans les cabinets. $150, c'est bien trop souvent hors de portee des 40 millions d'americains qui n'ont pas d'assurance sante.

Alors, qui va nous sauver ? La reponse, une fois encore, c'est les gens. Nous faisons suivre nos enfants dans l'"Open Door Medical Center", une institution qui fait payer les patients proportionnellement a leurs revenus et a la presence ou l'absence d'une assurance sante derriere le malade. Derriere les portes de cet etablissement ou la file d'attente est un peu plus longue que les autres et ou il n'y a pas de jouets en bois dans la salle d'attente pour faire patienter les marmots, se cachent des medecins multilingues et multicompetents, en general veterans des Peace Corps. Ils font la pediatrie, la medecine interne, la medecine de famille. La "pediatre" de Guima est une veteran de la guerre civile au Salvador. Aujourd'hui, ce sont les petits patients latinos de Westchester qui lui procurent son adrenaline. Dans ce registre, il y a aussi ce cabinet de medecins dans le Bronx qui offre des "abonnements sante" a prix fixe: $79 par mois, quoi qu'il arrive (une assurance privee coute de l'ordre de $250 par mois). Et il faut ausi compter sur tous ces medecins sont prets a soigner meme si le patient n'est pas solvable, et a pardoner la dette aussitot (quitte a se rembourser sur le dos de l'assurance du patient suivant qui devra payer un petit premium... c'est peut-etre ce qui nous est arrive avec Nurt ?). De fait, il est clairement affiche dans toutes les salles d'attente qu'il est illegal de refuser un traitement pour des raisons financieres.

Enfin. La conclusion de tout ca, c'est qu'il vaut mieux etre riche et en bonne sante que pauvre et malade. Interessant, non ? L'autre soir, j'etais en train de discuter avec le veilleur de nuit au boulot, un gros Nigerian super baraque qui aime bien regarder le basket a la tele. Il m'explique qu'il fait beaucoup de body building. Je lui demande comment il trouve le temps et l'energie de faire du sport, apres une nuit blanche tous les soirs et son deuxieme boulot le matin comme accompagnateur dans un bus scolaire. Il m'explique limpidement qu'il faisait deja beaucoup de sport au Nigeria parce que la bas, il n'y avait aucun acces au soin, et rester en bonne sante etait une question de survie. Et ici ? ben tu vois, c'est un peu pareil....

A bon entendeur,

F

Friday, March 13, 2009

Episode 1 - la politique exterieure americaine


Tût, tûûûûûûûût !

Cela peut paraitre bizarre de commencer ce pot-pourri par "la politique exterieure americaine": a priori, ca ne devrait pas tellement affecter notre petite routine quotidienne. Et pourtant... en arrivant sur ces terres, c'est certainement la chose qui me genait le plus. Je n'y pensais pas tous les jours, certes, cela ne m'empechait pas de travailler non plus, mais ca m'embetait suffisamment pour me demander si c'etait vraiment une bonne idee de livrer ainsi sans conditions mon petit output economique, si modeste soit-il, aux USA. En particulier, a l'heure de ma premiere declaration d'impots, je dus realiser que j'avais aide a financer les diverses guerres de l'administration Bush a l'insu de mon plein gre. Heureusement qu'il m'a rembourse 1500 dollars de Stimulus Package l'an dernier, c'etait bien la moidre des choses !

Mais notre experience personnelle de la courte vision americaine vis-a-vis du monde exterieur, c'est la suivante: peu apres notre arrivee, nous eumes l'intention tres honnete de voyager pour Cuba a l'ocasion du festival annuel latino-americain de musique chorale... pour constater qu'il est tout bonnement interdit de voyager sur l'ile a tout citoyen Americain ou etranger vivant sur le sol americain. Donc nous. Il est cependant possible a des investisseurs, des sportifs, des artistes, ou des organisations religieuses (!!!!!!!!!!!) de demander une derogation dument justifiee. Ah, et les Americains d'origine Cubaine on droit a deux semaines de vacances tous les deux ans (re-!!!!!!!!!!). Apres avoir donc soigneusement prepare notre dossier dignement parrafe de la vice-ministre de la Culture de Cuba, nous envoyames tout cela a l'administration Americaine... pour ne jamais recevoir ne serait-ce qu'un accuse de reception. Quelques semaines, quelques coups de telephone, et une heure et demie d'attente au doux son de la Lettre a Elise au synthetiseur plus tard, un officier mal lune me dit: "Ah, le dossier AR2233746 ? On n'a pas encore commence a l'examiner. Vous savez, il y a beaucoup de demandes.". OK brother oublie ca, le festival commence demain.... De toutes les facons, la secretaire Cubaine de notre medecin generaliste termina de nous remettre les pieds sur terre un peu plus tard: meme les Cubains qui en ont envie ne voyagent jamais car le seul moyen de transport officiel pour l'ile depuis les USA, c'est les charters du gouvernement americain, qui pratiquent des prix monstrueusement dissuasifs....

Bref. L'aveuglement chronique americain en termes de politique etrangere, de l'Afghanistan a l'Irak en passant par Cuba et cet embargo economique absurde (pleonasme ?) qui ressemble a un sale fossile prehistorique, quittant a ce pays tout espoir raisonnable de developpement economique et politique. Cette maniere de dire "on parle pas avec les mechants" sans chercher a comprendre, et en attisant au passage, les problemes sous-jacents... de refouler les recommendations des Nations Unies tant pour l'Irak que pour Cuba... Il y a des soirs ou ca tapait sur les nerfs.

Evidemment, aujourd'hui, tout va mieux apres l'election d'Obama. Le retrait des troupes d'Irak promis pour mi-2011, l'annonce d'une detente bilaterale avec le Cuba de Raul Castro, la main tendue vers le Pakistan et la Syrie... Il etait temps. Mais comment avons-nous fait pour survivre pendant presque trois ans de Busheries plus enormes les unes que les autres ? La reponse, c'est les gens.... Ces rassemblement periodiques et quasi-spontanes de quelques dizaines de personnes, dans les parcs et le long des rues, a tenir des bougies et des pancartes qui disent a Bush que ca suffit. Ces autocollants sur les pare-chocs des voitures qui proclament non a la Guerre et oui a la Paix et l'Amour. Et surtout, ces deux vieilles que je n'oublierai jamais, sous leur parapluie sur le trottoir du triste Broadway d'Ossining en cette grise apres-midi de Fevrier, brandissant leur pancarte artisanale: "HONK FOR PEACE". Et chaque coup de klaxon des automobilistes derriere moi me faisait venir les larmes aux yeux....

A suivre...
(Prochain episode: le systeme de sante: accordez-moi une pause)

Wednesday, March 11, 2009

America the Beautiful



Hello les copains,

Le 15 mars, mine de rien, ca va faire trois ans qu'on traine nos godasses sur le nouveau continent. Et comme en toute bonne date anniversaire, il est l'heure de regarder en arriere, de mesurer la profondeur du sillon qu'on a creuse. Pas bien droit, mais suffisamment profond pour y semer et recolter deja une carte verte, une maison, et un petit Americain... Bref, on prend racine. Il faut dire que, pour qui a le courage de creuser la terre et d'aller chercher l'eau qui s'y cache, il y a de quoi apaiser sa soif par ici.

Trois ans qu'on arrivait tout pas frais a JFK, avec un bebe de trois mois et des valises qui tenaient pas dans notre voiture de location. Notre premiere heure aux USA fut une allegorie de ce que nous allions rencontrer durant les trois annees suivantes. Je raconte. Apres un petit tour de chauffe sur le parking de Hertz pour tester notre nouvelle titine, nous nous elancons confiants sur l'autoroute. Et la, surprise et deroute, le moteur a beaucoup plus de tours-minutes que ce qui semble raisonnable pour la modeste vitesse atteinte jusqu'alors: nous sommes bloques en seconde ! Maudite boite de vitesse automatique, ils disent que ca va vous simplifier la vie et du coup on n'y comprend rien. Nous nous arretons sur la bande d'arret d'urgence et appelons a l'aide: par chance, nous n'avons pas pu aller bien loin, et seul un grillage nous separe du parking que nous venons de quitter. Un gros moustachu entend notre detresse et nous promet de venir nous aider. Il monte dans sa voiture et disparait.

Apres quelques minutes d'attente angoissee, le moustachu parvient jusqu'a nous. A moitie amuse, a moitie eberlue, et avec quelques traces d'agacement quand-meme, il nous explique le fonctionnement de la boite de vitesses. ("Cool, vous avez de la chance, vous avez meme une fonction "sport" avec ce modele !"). Puis il repart vers le soleil couchant en chantant I'm a poor lonesome Cow-Boy pendant que nous le benissons et nous repenchons sur la carte de New York City au un dixmillionnieme et la tetine de Guima.

L'allegorie: evidemment, les US ca fonctionne differemment. A commencer par les boites de vitesse. C'est mieux, c'est moins bien ? impossible de commencer a emettre une opinion avant d'essayer d'apprendre les rudiments du fonctionnement. Et, de toutes les facons, n'est-ce pas comparer des poires avec des oranges que de comparer les US et la France ? L'important, c'est qu'on peut trouver des gens sympa partout, a l'image de notre sauveur moustachu.


Les Etats-Unis sont souvent l'objet de debats passionnes en dehors de leurs frontieres. Ils y en a qui aiment, d'autres qui detestent. Certains qui veulent a tout prix y planter des racines (meme par leurs branches), d'autres qui ne veulent meme pas en entendre parler ni y mettre les pieds, ne serait-ce que pour une connection de vols internationaux. En trois ans, nous avons appris qu'il est impossible de n'avoir qu'une seule opinion des Etats-Unis. Il y a encore beaucoup d'aspects de la societe qui nous echappent, mais quelques experiences personnelles bien choisies se sont chargees d'eclairer notre lanterne sur comment se passent les choses par ici. Voici donc notre pot-pourri.

A suivre...

Les drapeaux: http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Saturday, March 07, 2009

Epilogue...


Le perce-neige aura le dernier mot... Hier, les temperatures frolaient encore le zero celsius par en-dessous, aujourd'hui il fait un bon 20 degres et tout le comte de Westchester s'est tacitement donne rendez-vous dans les parcs municipaux faire respirer les bebes en exhibant les T-shirts... les perce-neige ne sont pas en reste et s'ouvrent enfin pour de vrai. La derniere neige a fondu, et on se prepare allegrement a celebrer le printemps.

L'autre motif de rejouissance des jours passes, le voila ci-dessous.

Le Department of Homeland Security nous a accorde, a Nurt et a moi, la carte verte ! Il faut le voir pour le croire mais cette carte n'est pas plus verte qu'un perce-neige enrhume dans le blizzard du canada, a mis moins d'un an a parvenir jusqu'a nous depuis le debut de nos tractations avec Homeland Security, et arrive a domicile accompagnee d'une notice explicative bilingue anglais-espagnol. Cette carte est la bienvenue pour de multiples raisons: elle permet a Nurt de travailler officiellement, elle nous donne l'impression de nous sentir pris en consideration dans ce pays qui est le notre depuis bientot trois ans, et elle nous donne un peu de tranquilite en ces temps difficiles de tempetes economiques et chomage maximum. Elle veut dire aussi, mais cela ne doit plus etre une surprise pour vous, que nous avons l'intention de rester encore quelques annees sous ces longitudes qui ne nous traitent pas si mal que ca, allez... Ceci expliquant cela, vous comprenez donc notre besoin vital de garder le contact, mes prieres a peine deguisees pour recevoir des commentaires a ce blog, et meme notre double sacrifice recent a la deesse Facebook.

Quand au reste... il faut tout de meme partager avec vous les joies du thermometre qui remonte. Nos visages paraissent bien blancs maintenant qu'on a l'occasion de les examiner au soleil... mais ne vous inquietez pas, Guima a passe l'hiver a faire des ronds a velo dans la cave, et Gabito a grimper sur les chaises: ils sont pares pour etre les rois du playground cette saison !





Et pour conclure... un post de tarrytoonnews manquerait de saveur s'il n'incluait une demonstration de nos futurs musiciens a leur instrument de predilection. Vous pourrez vous rendre compte que leurs styles s'affinent et refletent de plus en plus leur caractere a chacun.

Guima:
http://www.youtube.com/watch?v=LBaNi8fLTrs
Gabito:
http://www.youtube.com/watch?v=a9xff6xpgXQ
Enjoy,

Francois & Flia

Monday, March 02, 2009