Tuesday, November 13, 2007

Une bien bonne...


... et fier de l'etre !

Hello les copains, aujourd'hui je vais vous en raconter une bien bonne: celle de l'accouchement de Nurt ! Elle est bien bonne parce que finalement tout s'est bien passe, et que le bebe est sorti comme sur des roulettes, bon, d'accord, des roulettes un peu mal huilees.... sur le moment, il y en avait une que ca ne faisait pas du tout rire, cette histoire d'accouchement...

Nous arrivames a l'hopital a 5 heures 30 d'un beau matin d'automne, juste a temps pour profiter du lever du soleil depuis la fenetre de la salle d'accouchement au 4eme etage. Pas frais mais souriants, nous sommes accueillis avec goguenardise par le brancardier de garde, qui en a vu d'autres, ce n'est pas a un vieux singe qu'on apprend a peler des bananes.... et dont le diagnostic est aussi immediat que sans appel: "Ma bonne dame, vous etes beaucoup trop souriante pour un accouchement, croyez moi que le docteur va vous renvoyer chez vous prendre votre petit dejeuner tranquillement". Il faut dire qu'il etait echaude comme un chat polynesien le brancardier, ca faisait notre troisieme visite aux urgences en un mois, il commencait sans doute a douter de notre perspicacite a detecter les naissances imminentes.... M'enfin de mauvaise grace mais puisqu'il est paye pour ca, ils a bien fini par appeler l'ascenseur pour ce 4eme etage d'ou il etait dit qu'on verrait le lever du soleil ce matin-la...

Arrives la-haut, les infirmieres de garde ont le meme genre de reaction: "ben alors Madame, vous souriez ? vous avez du vous tromper de service, ici c'est la maternite..." mais a cet instant precis, le petit baby-to-be en a eu marre qu'on se moque comme ca de sa maman cherie, non mais, vous allez voir, faites gaffe j'ai un grand'frere moi ! Et il secreta l'hormone magique a secreter l'hormone magique a declencher les contractions et paf, contraction, adieu sourire, doutes, hesitations, et l'infirmiere tout d'un coup s'anime: "I like that I like that I like that" (sadique). N'empeche, ca nous a ouvert la porte de la salle d'accouchement numero 1, ou nous attendait une infirmiere beaucoup plus douce et patiente et sa machine a compter les contractions.

Et la... sans doute intimides par la machine, ou victimes de la fringale du marathonien apres le maigre petit dejeuner avale en vitesse et toute la nuit passee a faire de la musculation uterine, le bebe et sa mere accusent le coup.... une contraction toutes les 8, 9, 10 minutes.... et la peur au ventre de se faire renvoyer a la maison, encore, par le medecin de garde... Heureusement, la medecin de garde en l'occurence avait ce jour-la une cesarienne programmee a 7 heures et un petit dejeuner a prendre a 9 heures (pas folle, la medecin de garde, elle sait gerer ses ressources... ) et n'arriva que vers 9 heures 30 alors qu'un second souffle reanimait les contractions languissantes de Nurt et son bebe....

Pendant ce temps, Francois etait rentre a la maison pour y prendre un petit dejeuner tranquille (pas fou non plus, le Francois) avec sa belle-mere, son fils, et beaucoup de sucre dans le cafe. Quand il revint a l'hopital, apres avoir laisse Guima a la creche, ce fut pour constater que Nurt etait passee dans la salle d'accouchement numero 2 et etait en train de profiter du jacuzzi toute habillee ! Anime par le burlesque de la situation et par le cafe colombien fraichement ouvert dont on avait achete trois caisses le samedi precedent en prevision de l'heureux evenement, le Francois mit un peu de temps a se rendre compte de la gravite du moment. La machine a compter les contractions, qui ne comptait plus rien sous l'eau, avait cesse de nous fournir ses precieuses informations ("Waouh, elle etait belle, celle-la !"), mais les grimaces de Nurt, qui ne feraient pas rigoler un brancardier, la remplacaient desormais avantageusement... La medecin, (1 metre 60 dont 25 centimetres de talons haut, une mini-jupe-tailleur grise en guise de blouse, et 190 km/h de moyenne apres le petit dejeuner) etait revenue dans la salle pour se rendre compte de la situation et de la couleur de l'eau du Jacuzzi... Apres avoir demande mollement a Nurt si elle voulait accoucher dans l'eau (ca n'aurait pas arrange sa mini-jupe) elle fut rassuree d'entendre que l'interessee en avait un peu marre, la, et qu'elle aimerait bien avoir un petit coup de peridurale, s'il vous plait, merci. La peridurale etant apparemment incompatible avec le Jacuzzi, on sortit Nurt de l'eau, la secha, l'assit sur le lit a peridurales, et appela celui qui allait etre la vedette de la matinee: l'anesthesiste Taiwanais francophile....

Quelques contractions plus tard apparut donc dans la salle d'accouchement ce pittoresque personnage, arme de son petit chariot plein d'aiguilles et de substances pas claires, de son grand sourire et son enthousiasme immodere pour la langue de Voltaire. Quand il se rendit compte que sa patiente parlait francais, son sourire doubla d'envergure et son flux sanguin cerebral shifta brusquement de la zone motrice a la zone du langage, troisieme langue vivante. A partir de la, il dispensa toutes ses instructions dans un francais transparent comme sa blouse verte, au grand triple dam de la sage femme et de la medecin qui n'y comprenaient rien, de Nurt qui avait vu son salut si proche et maintenant apparemment si lointain, et de Francois qui etait oblige de traduire a Nurt les instructions de l'anesthesiste du Francais au Francais. Une petite douzaine de contractions plus tard, pendant lesquelles l'on causa de Van Gogh et d'Aix en Provence, de Taiwan et de l'Italie, Nurt rappela expressement a son charismatique mais neanmoins inefficace nouvel ami que l'heure n'etait pas a la poesie, et que s'il vous plait, depechez vous, ca fait mal, quoi. Entretemps, la sage-femme, legerement moins stressee, ne perdait pas de vue son objectif a court terme et, analysant la situation, pesant le pour et le contre et le pire et le meilleur, decreta qu'il se faisait tard et que c'etait l'heure de pousser, allez, Madame, du courage.

C'est alors que l'anesthesiste parut sortir d'un doux reve.... il renversa les vannes du flux sanguin, son cortex moteur chauffa du gris au blanc, et d'une dexterite exemplaire entre deux de ces contractions qui promettaient d'etre les dernieres, il enfila son aiguille et la brancha a la substance liberatrice.

Alors, Nurt s'allongea sur le dos, la medecin aux talons hauts se mit sur la pointe des pieds, Francois mangea ses ongles jusqu'a la deuxieme phalange, l'anesthesiste s'enfuit en courant pretextant etre appele ailleurs, et la sage femme se mua subitement en hooligan de Liverpool... Il ne fallut pas longtemps de cette ambiance folle pour que le bebe sorte une petite tete chevelue par sa fenetre, avec l'air de demander: "C'est quoi ce boucan, qu'est-ce qui se passe ici ?" Une minute plus tard, il etait dehors et de la fete avec nous; pendant que Francois et la sage femme celebraient sa naisssance comme deux supporters de Liverpool apres un but de Steven Gerrard contre Barcelone, Nurt lui disait de ne pas pleurer, mon bebe, pourquoi tu pleures?, et la medecin s'etait deja eclipsee discretement telle cavalier solitaire vers le soleil couchant en quete de nouvelles aventures. Il etait 11h12 et 3 kilos du 22 Octobre 2007, un bebe nous etait ne et il avait une bonne tete a s'appeler Gabriel....

Une autre sage femme, diplomee en emmitoufflage de bebes, entra alors en scene; prit le petit archange avec la reverence qui s'imposait et l'enveloppa comme un cigare dans de jolis langes roses (...). Francois, emu, fit encore la gaffe de lui demander si elle n'avait pas besoin d'aide, par hasard, ce qui lui fit meriter un regard de travers lourd des 25000 bebes que Madame la sage-femme avait deja emmitouffles avant le tour de Gabito. M'enfin, cette petite gaffe innocente eut quand meme le merite de faire rigoler Nurt, pour la premiere fois depuis un certain temps ma foi. La suite ne fut que banalites dont lesquelles je ne voudrais pas vous embeter avec, surtout apres ce post de 4 colonnes et 5 jours de travail. L'on vida le Jacuzzi, l'on nous dit d'attendre un peu qu'on allait examiner le Gabo (comment, encamisole comme il l'est dans ce drap rose ?), et l'on alla preparer la suite royale avec vue sur la Hudson pour Nurt et son bebe qui l'avaient bien merite, allez.

Le soir, Francois alla chercher Guima a la creche pour qu'il vienne par lui-meme constater les degats... et la Abuela a la maison pour qu'elle puisse moderer un peu les debats. Francois constata aussi qu'il y avait une vue magnifique sur la Hudson, certes, mais que la tete du lit etait plus basse que le rebord inferieur de la fenetre, tant pis pour Nurt (qui de toutes les facons s'en moquait joyeusement et n'avait d'yeux ni d'oreilles que pour son deuxieme rejeton...). La suite, vous la connaissez grace au meticuleux travail plein de conscience professionnelle de votre reporter a Tarrytoon... le seul episode que vous avez rate parce que je ne voulais pas vous rendre jaloux, c'est le diner aux chandelles avec Champagne offert par l'hopital le deuxieme soir, apparement une coutume americaine, et certainement un argument de vente de poids pour que les futures mamans choisissent d'avoir leur bebe la et pas ailleurs...

Bref, tout fut bien qui finit bien. Sans anesthesie dans le corps, sans intraveineuse de fer et ses hematomes corrolaires, sans forceps sans peur et sans reproche, Nurt et Gabriel se sont sortis brillamment de cette petite epreuve. Et Nurt arriva a la maison avec toute la peche necessaire pour ce nouveau travail qui nous attend pour les 21 prochaines annees (enfin, c'est ce qu'on pensait a l'epoque). Deja trois semaines de passees, on tient le bon bout, allez....

Ciao les copains, bisous et vous pouvez tirer la langue a la Lune....

Francois & Flia

9 comments:

m-j said...

Non non non... il ne faut pas raler de ton post. J'explique: tout a l'heure je me suis dit zut! Laverdiness a pique la vedette du 10ieme commentaire. Et du coup je me suis dit cool il va etre content le Francois d'avoir un 11ieme commentaire... Mais rezut, tu as poste une nouvelle TarrytownNews!!!
C'est pas grave, on atteindra un nouveau record bientot je le sens ;^)
Francois, une fois de plus j'adore ta facon de raconter les histoires et c'est avec un sourire que je vais me coucher ce soir pour saluer la lune et les reves... car demain je dois accompagner a 6h du mat mon Pôpô a Orly pour qu'il puisse aller a Roissy a defaut du RER B.
Julien s'est mis au velo pour aller a son taf et moi j'ai essaye un jour mais j'avoue que c'etait trop 22km pour ma ptite nature hi!hi!hi!
Le froid bien froid de Paris avec son ciel bleu est arrive et il ne manquerait plus a ce chaos de transport qu'il neige pour mettre encore plus la galere... moi ca me plairait bien.On tiendra jusqu'a la demission de s majuscule.
Bon treve de plaisanterie. Bonjour a toute la familly
1bacin

Anonymous said...

Erreur grand frere, a 21 ans, on est encore dépendant des parents... Bon courage jusqu'a ce que vous soyez grand parents...
MArie.

Anonymous said...

Peut-etre mais a 21 ans les parents doivent commencer a moins se preoccuper de a quelle heure les enfants se couchent, non ?

Anonymous said...

21 ans... c'etait pas la majorite il y a 50 ans... apres tout est une question d'education et de lieu d'habitation. Dans certaines familles en espagne (pays ou les jeunes sortent beaucoup...) certains jeunes peuvent commencer a sortir bien bien plus tot. Bien entendu il faut faire une equation entre plusieurs facteurs: age de l'enfant, maturite de l'enfant, lieu d'habitation... mais ca devrait pas etre trop dur, vous avez beaucoup de temps pour reflechir at the question ;o)
1Bacino

Anonymous said...

Je me délecte et pourlèche en lisant et relisant ce récit d'anthologie ; extraordinaire que l'écrit arrive à rendre compte autant d'ambiances et de sentiments.
Et ici le choc entre l'unicité extraordinaire d'une naissance, et la banalité de l'évènement pour le personnel hospitalier.

Personnel qui, si j'ai compris quelques nuances, reste sous le charme de l'évènement.

Anonymous said...

Cool, une discussion enclenchee dans les commentaires ! Mariana, je crois que l'Espagne est l'un des pays d'europe "de l'ouest" ou les jeunes quittent le plus tard le cocon familial. Raison principal : le cout du logement. La seule reference (pas terrible)que j'ai a te proposer pour le moment est la suivante (10 secondes de Google: http://flexblues.be/article6.html, 2eme paragraphe). Mais j'avais deja entendu ce chant-la ailleurs.
Qu'as-tu a dire ca cela ? tata !
Francois

Anonymous said...

t'inquiete Coco, je ne me defile pas... je prepare mon argumentation ;^)
j'ecrirais qd j'aurais un peu le temps car la moult moult boulot.
Voila
ciao

Anonymous said...

Ravi de voir la discussion se poursuivre, mais il me semble qu'on s'éloigne du sujet du Post initial : "Big brother" qui nous interpelait en photo, et en racontant la naissance de son frère.

F. : si tu veux maximiser le nombre de commentaires, il suffit que tu édictes une règle telle que "il n'y aura pas de nouveau Post avant x commentaires" , et/ou "il n'y aura pas de nouvelle photo avant y (y>x) commentaires".

François Van Der Biest said...

Prodigieux, ce récit de l'accouchement !
Merci de nous avoir fait partager ces moments...

Dites, vous savez s'ils font le coup du Jacuzzi en France aussi ?

F.