Tuesday, October 28, 2008

Ou est planque le butin ??? (2/3)

Voici qui promet d'etre le volet le moins etoffe de cette trilogie monetaire internationale: comment la crise economico-financiere affecte-t-elle notre paysage direct a nous, bobos suburbains New-Yorkais? La reponse est une des raisons pour lesquelles cette crise, si enorme soit-elle, a mis si longtemps avant de meriter l'attention du redac'chef de TarrytoonNews: a vrai-dire, pas grand'chose n'a change dans notre vie quotidienne.

Grace a Laverdines, vous avez une vue objective de la progression du marche immobilier ces derniers mois. New York est nettement moins pire que la Floride ou la Californie, qui ont vu un boom immobilier exorbitant au debut des annees 2000, et maintenant connaissent un pas-boom tout aussi enorme... ou la "Rust Belt" au Nord, qui n'ont pas connu le boom mais maintenant connaissent le pas-boom. Re-ecoutez toutes les interviews des pauvres gars hypotheques ruines que les medias Francais vous ont distillees ces derniers mois: je parierais gros qu'ils viennent tous de Floride ou de Californie ou de l'Illinois ou du Minessota. Les journalistes sont comme les scientifiques: ils ne publient que leur meilleur data !

Je n'ai pas dit que notre Westchester dore n'a pas ete affecte. Les prix de l'immobilier ont sans doute baisse d'environ 10% depuis Novembre dernier, et surtout les maisons restent de plus en plus longtemps sur le marche - ce qui laisse penser que les prix vont continuer a descendre. Mais cela n'affecte pas vraiment la vie quotidienne de tout un chacun. Il y a quelques jours, les gros titres de RFI sur Internet semblaient d'ailleurs confirmer mon impression generale. RFI se demandait si "La crise financiere n'allait pas commencer a affecter l'economie reelle ????" (sic) ... comme si tous ces imbroglios financiers n'etaient qu'une espece de magie noire confinee dans un monde imaginaire parallele...

Cela dit, oui, les gens sont inquiets... un peu. Dans le vestiaire apres le basket le midi, les collegues s'interrogent les uns les autres sur la sante du Dow Jones - mais on joue toujours au basket le midi. Le president de notre chere compagnie nous a envoye a tous les 125000 employes de la boite il y a quelque jours un e-mail nous disant qu'"au vu des resultats du 3eme trimestre et de la conjoncture internationale, vous etes pries de travailler"; et le chef de la section "recherche" a enfonce le clou aujourd'hui en ajoutant "limitez les voyages, les conferences, et les coups de fils a votre femme avec le telephone portable de la compagnie; et ne reprenez pas deux fois du caviar lors de vos repas de business (sauf si vous etes avec un client)". Pourtant, les chiffres officiels font etat d'une augmentation de 5% des ventes dans le secteur "sante" de la compagnie par rapport a l'annee derniere; et notre meme president adore declarait il y a peu a un interviewer Chinois que "Notre business devrait etre peu affecte par la crise: nous nous focalisons sur la sante, et crise ou pas crise les baby boomers vieillissent jour apres jour et ont tous des maladies chroniques bien rentables". Alors ?

Comme toujours, ce sont sans doute les populations les plus vulnerables qui sont les plus touchees par la crise. Par exemple, les travailleurs latinos de Ossining doivent souffrir car leur secteur (construction) est evidemment directement affecte par desengouement immobilier. Mais les familles comme nous, les ViVi ? Oui, nos economies etaient chez Wachovia, une des immenses banques americaines qui a capote. Elles y sont toujours ! Wachovia s'est fait racheter par Wells Fargo d'une maniere tellement invisible que la banque ne nous a meme pas informe du changement de proprietaire ! Oui, nous avons quelques sous dans un fonds de pension pour lequel nous avions commence a cotiser (un peu) l'annee derniere, quand il a commence a devenir clair que nous allions rester aux USA pour quelque temps. On les y laisse, le temps de voir venir... je ne voudrais pas contribuer a faire de trop grosses vagues a haute frequence a Wall Street.

Finalement, cette crise modifie peu les comportements. Un gros ralentissement du marche immobilier, et un ralentissement graduel de la consommation (mais tout est relatif: il faut voir comment nos voisins s'equipent pour Halloween !) sont les deux seules tendances vraiment palpables depuis notre poste d'observation dans notre petit village de la Hudson Valley. La crise jusqu'a present a donc eu un effet qui pourrait presque etre qualifie de benefique sur le consommateur banlieusard moyen: le merite de demontrer que le modele du "tout a credit" presente ses limites et ses defauts inherents; et que sous la vague du credit sur laquelle il fait si bon surfer se cachent quelques recifs bien reels, bien dur et bien aceres.

A bientot pour le troisieme episode: mes impressions personnelles, en vrac.

Ah, et si vous avez vraiment beaucoup de temps a perdre sur les blogs (vous lisez bien celui-la, non ?) et que les histoires de crises et d'elections vous interessent, il y a toujours celui de l'ami Stef: http://libenewyork.blogs.liberation.fr/. Stef est un copain voisin avec un background de journaliste sportif lui aussi

2 comments:

Tribulations said...

surtout les elections, j espere que tu decriras l ambiance le jour du resultat.

Anonymous said...

Voyons voir si j'ai le temps de traiter des elections avant le 4 Novembre.... Il y a aussi Guima qui change de creche, Halloween a preparer, un bebe qui se reveille toutes les deux heures et une gorge qui me fait souffrir.. J'ai choisi de traiter de la crise avant les elections, car autour du dejeuner, c'est quand-meme le sujet prefere (avant les elections, mais derriere le nouveau gadget de chez Apple ou les performances des New York Giants... Tout est relatif)