Sunday, November 09, 2008

Obama

Il est l'heure pour moi de me livrer enfin a l'exercice oblige de tous les blogueurs et editorialistes de par le monde en ce debut Novembre 2008: commenter, epiloguer, ressasser la victoire d'Obama, le candidat prefere du monde entier, aux elections presidentielles Americaines.
Gabito vient de se coucher pour sa sieste, j'ai donc une demi-heure montre en main dvant moi pour vous faire part de toutes les impressions qui m'assaillent. Essayons donc, une fois n'est pas coutume, d'eviter les disgressions Achiletalonnesques pour rentrer dans le vif de ce sujet passionnant. Et hop.
D'abord, l'impression generale par ici, c'est que tout le monde est content. D'accord, je vois le monde a travers le prisme hyperrefringent qu'est l'etat de New York comte de Westchester -fief des Clinton-, village post-communiste de Croton-on-Hudson, qui a vote massivement pour Obama. Mais meme les supporters de Mc Cain, je crois que certains sont surtout soulages: enfn, c'est fini, cette sensation d'etre encercles d'un enthousiasme immense dont ils s'etaient auto-isoles. Ils peuvent maintenant rentrer dans la danse a leur tour: Obama est le president de tous les Americains et plus le candidat de la moitie (pardon, des deux tiers (!!!)) du pays.
Quand a moi, ce que je vois surtout dans cette election que j'ai suivie de bien loin, c'est que enfin, l'Amerique retrouve sa capacite a nous faire rever. Les adversaires d'Obama sont nombreux a dire que ce mec, il n'y a rien derriere; que c'est un beau parleur mais qu'il n'a pas de programme... et moi je dis: meme si c'est vrai, au moins il nous fait rever. Et ca c'est pas important peut-etre ? C'est pas un super programme, de rever ? Tandis qu'avec l'autre mec, on savait parfaitement a quoi s'attendre, comme si on l'avait deja vecu. Comme disent les Americains: "We've been there". Voila ce qui resume sans doute l'ami McCain.
Voila donc de nouveau l'Amerique qu'on admire et qui nous fait rever, comme, ados, quand on ecoutait The Doors et Bob Dylan, qu'a la recre on jouait a etre Magic Johnson et qu'en cours d'anglais on etudiait les beaux discours de Martin Luther King. Nous qui nous sommes installes aux US depuis deux ans et demi, on avait du mal a croire comment un tel peuple (on a ete plutot bien accueillis, croyez-moi; et on a rencontre des gens extraordinaires - comme en France) pouvait avoir un tel president (Bush). Enfin, ce quelque chose qui clochait est corrige, et on peut aller travailler le matin avec un peu plus de sourire.
L'autre motif de rejouissance aujourd'hui au lendemain qui chante de l'election fracassante d'Obama, c'est la maniere presque exemplaire dont s'est deroulee la campagne. Encore une fois, pardonnez-moi l'etroitesse de mon point de vue, moi qui ne vote pas, dont l'auto-radio est cassee, qui n'ai pas la tele a la maison, et qui ne fais pas mon jogging sur un tapis roulant en regardant Fox News.... Mais pour moi, cette campagne a ete placee sous le signe du respect.
Tout est relatif, bien sur: nous parlons bien de politique, et il s'agit toujours d'une election presidentielle. Mais dans une piece dont les principaux acteurs incluaient un noir au pasteur sulphureux et une femme au mari scandaleux, les derapages furent extremement rares. McCain, un veteran de guerre, etait intouchable; mais il n'en a pas bassement profite. Il suffit de rappeler la cordialite des debats Obama-Clinton, et de remarquer a quelle vitesse les conseillers de campagne se faisaient envoyer en exil ou se bannissaient eux-memes quand leur langue derapait avant 7 fois 77 tours; ou avec quelle ferme gentillesse les journalistes se faisaient rembarrer par les candidats eux-memes quand ils essayaient sournoisement d'allumer des petites etincelles autour des fuites de gaz.... On a donc eu la chance de pouvoir assister a une vraie campagne, avec de vrais gens qui parlaient de vraies choses. Merci a tous.
Depuis pres de deux ans que ca dure (la campagne a commence quelque part en 2006; a l'epoque les debats etaient autour du retrait des troupes d'Irak et personne ne parlait encore de crise financiere), on a donc su depasser la plupart des sujets futiles (Clinton est une femme, Obama est un noir; il a etudie a l'ecole islamique et son pasteur est un fou dangereux) pour aborder la plupart des sujets importants (genre, race, religion... guerres et nerf de la guerre...). Un des candidats a su saisir la balle au bond. Obama n'est pas un noir comme les autres. Son pere est un economiste Kenyan qui vint aux USA de son plein gre pour un bref sejour; la plupart des noirs americains aujourd'hui descendent de l'esclavage dont ils en sont encore a essayer de panser les plaies toujours beantes. Il sut pourtant comprendre la question raciale aux USA et booster sa campagne d'un discours flamboyant, du genre "Americains, je vous ai compris", qui lui assura le support d'une bonne partie de l'electorat, blanc, noir, hispano, etc... mais aussi de toute l'Afrique qui jusqu'alors -a part le petit village d'Alego, Kenya- hesitait a considerer Obama le "metis" comme l'un des leurs. Les citoyens, c'est comme les enfants: ils aiment bien se sentir ecoutes.
L'autre candidat a laisse la balle lui gliser des mains. A l'heure ou les debats economiques enflammaient les swing states et notamment la Floride et l'Ohio, au lieu de choisir un vice-president un peu serieux sur le sujet, il alla chercher la Palin au fin fond de l'Alaska - une province aux realites eloignees du reste du pays. Son but non avoue etait sans doute d'essayer de rafler une partie du vote feminin de Clinton, dans une manoeuvre desesperee qui s'apparente certainement a celle du PS en France lorsqu'il decida de choisir Segolene Royal pour la mettre dans l'arene avec Nicolas Sarozy. Bref, ca n'a pas marche.
Bref derechef, Gabito va se reveiller et je ne voudrais pas conclure sur ce qui fut le pire rate de la campagne - cette Sarah Palin qui ne servit a rien, sinon a donner aux republicains un motif de rejouissance apres l'election d'Obama: au moins on n'entendra plus parler d'elle - et la, je ne fais que repeter les commentaires entendus autour de moi.
Je voudrais donc juste simplement dire merci aux Americains, pour rappeler au monde que tout n'est pas mauvais aux USA - et que tout va tres vite ici. Une generation apres Martin Luther King, un noir (OK, metis, mais techniquement noir pour les lois de 1955) est president des USA... Et des pays dans lesquels hier encore on aimait a bruler du Stars and Stripes dansent aujourd'hui dans les rues au son du Star Spangled Banner.
Descendons un peu de notre nuage: maintenant, il va s'agir a Obama d'eviter la post partum depression. Il doit etre epuise apres deux ans de dure campagne et d'efforts continus pour eclipser la Clinton et son mari, puis Mc Cain et son parti; mais ce n'est pas l'heure de dormir: il y a deux guerres, une crise financiere, et une recession a regler, sans compter toutes celles qui se trament en ce moment, la reforme du systeme de sante, j'en passe et des meilleures.
Mais surtout, aujourd'hui, Obama porte sur lui tous les espoirs et les reves d'une bonne partie de la planete. Alors souhaitons-lui bon courage: c'est lourd.
F.

3 comments:

Anonymous said...

ouais, ch'ais pas, mais comme c'est lui, j'lui souhaite tout le bonheur du monde et God help him, ça va être chaud chaud chaud, comment peut-on briguer ce poste ? Enfin, on can, apparemment. So, en selle et au boulot. God bless America, air connu et nécessaire !on va voir à voir, quand viendra le matin du grand soir, hein ? J'ai trop bu. V.

Anonymous said...

euh, par la loi de 1955 tu parles de la loi qui t'empeches de manifester contre la destruction de l'environnement?

Anonymous said...

He les lecteurs !

C'est le centième post. Si vous ne vous réveillez pas un petit peu, ça risque de s'arréter.

Au fond, c'est le plus important : être élu sur du rêve, avec un espoir que ce ne soit pas du vent.

En tous cas, les cent posts, ils sont réels, même si parfois ils font réver.

DV